Guide inédit : Rendre la réparation accessible

Le Club de la Durabilité, réseau des entreprises engagées pour l’allongement de la durée de vie des produits, animé par HOP, partage dans un guide pratique inédit les bonnes pratiques et recommandations pour un essor de services de réparation plus accessibles et fiables.

La démocratisation de la réparation : une nécessité environnementale confrontée à des freins encore nombreux

La réparation est primordiale pour réduire l’impact de nos objets en allongeant leur durée de vie et en évitant ainsi leur renouvellement. En effet, la phase de fabrication des équipements est responsable à elle seule de la majeure partie de l’impact environnemental des produits : elle représente près de 80% de l’empreinte carbone des équipements numériques !

Mais confrontés à une panne, si 89% des Français·es cherchent des informations sur la réparation, seulement 36% y recourent. Comment expliquer ce décalage ?

Le prix apparaît comme le premier frein (pour 68% des Français·es) dès lors qu’il dépasse un tiers du prix de rachat de l’équipement. Les consommateur·ices doutent aussi de la fiabilité de la réparation à cause des obstacles posés par les fabricant·es comme l’obsolescence programmée (51%), et en raison de craintes envers le professionnalisme, les garanties (42%) et la complexité de la réparation (40%).

Visite du HUB de l’Économie Circulaire chez Codeo Group (18 juillet 2023)

Des bonnes pratiques à essaimer pour fiabiliser les offres de réparation

Bien que le prix de la réparation soit identifié comme le premier frein à sa démocratisation, la majorité des réparateurs ne font pas de marges conséquentes sur leurs prestations aujourd’hui. La diminution du prix représente un véritable défi pour le secteur, confronté à des obstacles tant techniques que culturels.

Pour y arriver, les acteur·ices du Club partagent dans ce guide une boîte à outils de bonnes pratiques que peuvent déjà mobiliser les acteur·ices de la réparation. Le principal levier est de rassurer les consommateur·trices sur la fiabilité de la réparation, afin d’en augmenter la perception qualité-prix. Cela passe par les garanties, mais aussi par une grande transparence et clarté sur les modalités de la réparation (prix, délai, solutions proposées en cas d’échec, etc.).

La réparation peut aussi être intégrée à des offres servicielles, par exemple de gestion de parc informatique ou d’abonnement téléphonique, pour en maximiser la valeur pour le·la client·e. La diversification des services de réparation – à domicile, en atelier, en visioconférence – permet aussi de s’adapter aux besoins et budgets des consommateur·trices. L’accompagnement et l’empouvoirement des citoyens, à travers la sensibilisation et l’encouragement à l’autoréparation, sont d’ailleurs des leviers essentiels pour diffuser ce réflexe au plus grand nombre.

Les professionnel·les de la réparation peuvent aujourd’hui optimiser leurs coûts grâce à plusieurs mécanismes. Ils peuvent par exemple recourir aux pièces d’occasion en développant la cannibalisation, qui consiste à récupérer des pièces fonctionnelles sur des appareils irréparables. L’intelligence artificielle peut aussi optimiser les coûts logistiques, par exemple grâce à des solutions d’auto-diagnostic précédant les interventions et permettant d’anticiper le type de panne et les besoins en pièces détachées. Enfin, la robotisation de certaines tâches, comme la gestion des pièces détachées, peut aussi représenter un gain d’efficacité sur le long terme en cas de grandes quantités.

HUB de l’Economie Circulaire (Codeo Group), centre de réparation et de reconditionnement d’équipements numériques

Le bonus réparation : un enjeu national pour démocratiser la réparation

Si les acteurs et actrices de la réparation disposent de ressources pour fiabiliser leurs services, les pouvoirs publics ont une vraie responsabilité dans l’accompagnement de la filière. Le fonds réparation, dispositif obtenu par HOP dans la loi AGEC, permet à la fois de diminuer le prix de la réparation en appliquant une réduction sur la facture des consommateur·ices, et de fiabiliser l’offre de réparation en constituant un réseau de réparateur·trices labellisé·es (Qualirépar pour la filière des équipements électriques et électroniques).

Mis en place dès décembre 2022 sur la filière EEE, le guide pratique dresse un bilan des premiers mois de son application et souligne les axes de perfectionnement :

  • améliorer la gouvernance
  • simplifier le fonctionnement et la charge sur les réparateurs
  • élargir l’éligibilité aux pannes encore exclues et à tout service de réparation,
  • augmenter les bonus…

Bonne nouvelle, des avancées ont déjà été obtenues par HOP dès cet été : un Comité National de la Réparation a été créé pour améliorer la transparence du dispositif, de nouvelles pannes et services deviennent éligibles, et les bonus vont être augmentés dès l’automne. Le fonds réparation se déploie également dans d’autres filières REP, telles que le textile ou les articles de sport et loisirs. La généralisation et l’amélioration de ce dispositif sont des enjeux forts que continuent de suivre attentivement HOP et les membres du Club de la Durabilité.

Visite du Tech Lab, HUB de l’Économie Circulaire de Codeo Group

Renforcer les règles d’écoconception pour changer de modèle

Si le bonus réparation est essentiel pour diminuer la facture finale de la réparation, les principaux obstacles rencontrés par les réparateur·trices se trouvent en amont. La réparation souffre de la concurrence d’un marché dominé par des produits neufs à bas prix, souvent peu durables et peu réparables, qui les pénalise doublement.

La difficulté d’accès aux pièces détachées et les obstacles mis en place par les fabricant·es comme la sérialisation – à l’origine de la dernière plainte de HOP contre Apple en décembre 2022 – restent aujourd’hui des réalités pour de nombreux réparateur·trices.

Pour changer de modèle et basculer vers une économie circulaire, il est indispensable que les pouvoirs publics continuent de renforcer les règles d’écoconception des produits et le droit à la réparation, et veillent à leur bonne application. En 2024, l’arrivée dans nos rayons de l’indice de durabilité sera une nouvelle étape sur cette voie en France. Face à cet enjeu, le Club de la Durabilité se réunira en un nouveau groupe de travail “Ecoconception et Durabilité” et présentera ses recommandations en janvier 2024.

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