Six mois après l’entrée en vigueur du bonus réparation, le gouvernement a annoncé plusieurs évolutions ce mardi 4 juillet pour améliorer le dispositif qui peine encore à atteindre ses louables objectifs. En parallèle d’une nouvelle gouvernance du fonds qui suit les recommandations de HOP, le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires demande à ce que les montants des bonus soient revalorisés sur la base des recommandations de l’association.

Après le mauvais départ du fonds réparation constaté par HOP en mai dernier, et dénoncé dans une récente vidéo, les chiffres clefs ont été présentés par le Gouvernement et les éco-organismes en charge du pilotage, après 6 mois de mise en place : 1600 réparateurs ont été labellisés, 52 000 actes de réparation effectués pour 1,2 millions d’euros dépensés.

HOP se réjouit de cette progression, mais rappelle que l’objectif est de labelliser jusqu’à 4 000 réparateurs d’ici la fin de l’année et que plus de 60 millions d’euros sont encore disponibles dans l’enveloppe allouée à l’année 2023. Bref, pour l’association : on est encore loin du compte.

Bonne nouvelle : le gouvernement valide la création d’un Comité national de la réparation !

Un Comité dédié à la réparation et piloté par l’Ademe sera créé au sein de l’Observatoire du réemploi et de la réutilisation. Il se réunira pour la première fois début octobre puis à chaque trimestre. Cette instance concertera et représentera les parties prenantes sur la base des différentes missions que le comité assurera : suivre le déploiement du fonds réparation, évaluer sa représentativité, évaluer l’activité et les coûts de la réparation, pour permettre à l’Etat de réaliser les arbitrages nécessaires à la bonne évolution du fonds.

Les parties prenantes identifiées par l’Ademe sont les suivantes : Etat, Ademe, représentants des réparateurs, représentants des fabricants, ONG, éco-organismes et représentants des collectivités (avec 3 représentants par collège).

Cette annonce va dans le sens de la demande initiale faite par HOP et soutenue par d’autres associations et acteurs de la réparation pour accroître la transparence et réduire les conflits d’intérêts d’une situation qui plaçait les metteurs sur le marché, “pollueurs-payeurs”, en juges et parties.

Le Gouvernement annonce l’augmentation de certains bonus sur la base des travaux de HOP

Une augmentation des bonus à hauteur de 5€ pour 24 produits a été proposée par les éco-organismes lors de la réunion. La stratégie des “petits pas” de Ecosystem et Ecologic ne satisfait ni HOP, ni les partie-prenantes, ni le Ministre qui souhaite valoriser davantage les bonus réparation pour les rendre vraiment incitatifs.

HOP n’a pas manqué de rappeler que, malgré ces légères augmentations, les comptes n’y étaient pas pour atteindre un prix de la réparation inférieur à 30% du prix du neuf, seuil psychologique défini par l’Ademe au-dessus duquel les consommateurs ne réparent pas (et préfère racheter neuf). Une vingtaine de produits (lave-linge, lave-vaisselle, hotte aspirante, téléviseur, etc) sont encore bien au-dessus de ce seuil et pour lesquels ce bonus reste donc insuffisant. HOP défend la nécessité de concentrer l’argent des bonus sur les équipements du quotidien qui sont les plus réparables, sans restrictions d’éligibilité, pour créer des conditions réellement incitatives et éviter les déceptions, plutôt qu’un saupoudrage inefficient.

Cette demande a été écoutée par Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et Bérangère Couillard, secrétaire d’État auprès du Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, qui ont demandé à ce que leur soit présentée une nouvelle grille lors de la prochaine réunion d’ici septembre, incluant au moins 3 produits avec des bonus basés sur les travaux de HOP. L’objectif est de tester l’efficacité d’une revalorisation des bonus sur la réparation pour envisager de généraliser la démarche. En effet, c’est en réalité une vingtaine de produits qui nécessitent de revoir à la hausse leurs bonus (pour atteindre le seuil de 30%) ; cependant HOP se réjouit de cette bonne nouvelle pour les consommateurs confrontés à des produits en panne.

HOP accueille favorablement d’autres annonces

La casse d’écrans des smartphones sera éligible au fonds réparation dès le mois de janvier 2024. HOP y est très favorable, pour permettre aux accidents de la vie quotidienne d’être réparés plus facilement, et ce, pour tous les produits : il faut supprimer le critère d’inégibilité imposé par les éco-organismes relatif à un usage non conforme aux prescriptions des fabricants.

Les bonus des produits initialement prévus pour le 1er janvier 2024 (fours posables, micro-ondes, robots de cuisine, petits équipements de beauté,…) seront finalement ouverts dès octobre 2023.

Quant à la formation, il a été annoncé qu’une partie de l’enveloppe (5 millions d’euros sur 3 ans) sera consacrée aux actions de formation et d’accompagnement des réparateurs. Les réparateurs nouvellement labellisés se verront recevoir une formation au label QualiRépar et les dispositifs de formation débouchant sur un diplôme reconnu par l’Etat feront l’objet d’une promotion pour développer leur attractivité.

Les points de vigilance qui demeurent pour HOP

Cette prise en considération des alertes formulées par HOP par le Gouvernement ne doit pas faire perdre de vue qu’aujourd’hui le bonus s’applique à des produits dont on sait qu’ils sont encore très difficilement réparables : les petits appareils comme les grille-pain, les sèche- cheveux, etc. Très peu de professionnels les réparent et recommandent plutôt de racheter du neuf. Cela interpelle sur la politique d’allongement de la durée de vie de ces produits. Derrière les effets d’annonce d’un bonus réparation sur ces produits, HOP appelle à investir le scandale de la conception de ces petits-électroménagers “jetables”.

De plus, la communication sur le fonds réparation reste encore insuffisante. Le bonus reste largement inconnu du grand public. Pour que le bonus soit connu de tous, et pas seulement par les consommateurs déjà habitués à la réparation, le déploiement d’une campagne de grande ampleur au niveau national est indispensable.

Pour finir, HOP souligne que le label QualiRépar doit permettre la création d’un rapport de confiance entre les professionnels et les consommateurs d’abord sur les compétences techniques, mais également sur les prix pratiqués. Pour cela, HOP demande à ce que soient communiqués les prix moyens de référence de chaque acte de réparation pour permettre aux consommateurs d’estimer par eux-mêmes si les prix proposés se situent dans la moyenne ou non.

Pouvez-vous bénéficier du bonus réparation ? Retrouvez notre article dédié sur le site Produits Durables.

EDIT du 28 septembre 2023 : Suite à un retard dans les processus de validation entre les éco-organismes et l’État, l’augmentation de certains montants et l’application du bonus à de nouveaux produits sont repoussés à une date ultérieure encore inconnue à ce jour.

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