Le 10 décembre, nous célébrons la Journée internationale des droits humains. C’est l’occasion pour HOP de faire le point sur les liens qui existent entre la lutte contre l’obsolescence programmée de nos objets et la protection des droits humains.

Le modèle économique global dans lequel nous vivons nous pousse à acheter et jeter toujours plus d’objets, sans toujours considérer les conséquences réelles de cette hyper-consommation. Les chiffres de la société du tout-jetable sont éloquents : un Français change en moyenne son smartphone tous les deux ans et 4 millions de tonnes de déchets textiles sont jetés chaque année en Europe. Or, la fabrication, la consommation et le recyclage de ces produits ont des coûts humains et environnementaux très lourds.

Quel est le rapport entre l’obsolescence programmée et les droits humains ?

Les droits humains sont les droits inaliénables que possède chaque individu et qui garantissent sa dignité humaine. Ils sont énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme et dans différents traités internationaux.

Or, notre modèle économique global – basé sur une surproduction, une surconsommation et une surexploitation des ressources planétaires et parfois humaines- peut générer de nombreuses atteintes aux droits humains. On déplore notamment de nombreuses atteintes aux droits dits « économiques et sociaux » des personnes travaillant à l’extraction des ressources, à la fabrication de nos objets ou même au traitement de nos déchets, souvent dans les pays les plus pauvres.

Nos objets du quotidien peuvent être fabriqués dans des conditions de travail indignes

Selon le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, tous les êtres humains ont le droit à des conditions de travail dignes, « justes et favorables », à une « rémunération équitable et égale » (art.7), mais aussi à la santé (art.12). De même, les enfants et les adolescents doivent être protégés de « l’exploitation économique et sociale » (art.10). Pourtant, nombre de nos objets sont fabriqués dans des conditions indignes et contraires au respect des droits humains.

C’est souvent le cas en ce qui concerne l’extraction et le traitement de nombreuses matières premières nécessaires à la confection de nos objets connectés (smartphones, ordinateurs, voitures électriques, etc.).

L’exploitation des « minerais du sang » (étain, tungstène, tantale et or), ainsi que le cobalt ou encore le coltan de nos smartphones alimentent les conflits en République Démocratique du Congo et impliquent encore aujourd’hui le travail d’enfants, travaillant dans des conditions indignes et exposés à des inhalations toxiques.

L’UNICEF a lancé des alertes à ce sujet. Les conditions d’extraction dans les mines de cobalt et de coltan, utilisées pour les batteries et les condensateurs des smartphones, sont souvent extrêmement dangereuses pour les travailleurs.

La « fast-fashion », caractérisée par un renouvellement très rapide des produits de mode dite « éphémère », est aussi emblématique des nombreuses violations des droits humains. Le 24 avril 2013, l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza abritant une usine textile au Bangladesh, avait fait plus de mille morts et des centaines de blessés, notamment des femmes travaillant dans cette usine.

La « fast-fashion » est aussi emblématique des nombreuses violations des droits humains.

Plus récemment, le scandale des marques d’habillage, de technologie et d’automobile impliquées dans l’exploitation forcée de personnes Ouïghoures en Chine a été portée dans le débat public. En France, plusieurs associations ont ainsi déposé une plainte contre plusieurs multinationales de l’habillement pour recel de travail forcé et crimes contre l’humanité, dans le but de pousser les grandes entreprises à respecter les droits humains dans toutes leurs activités économiques.

L’obsolescence prématurée, un danger pour nos droits à la santé et à un environnement sain

On le répète souvent chez HOP : l’obsolescence prématurée de nos objets est un contributeur majeur aux changements climatiques que nous vivons, puisque la fabrication, le transport, le stockage et le recyclage de nos objets émettent du CO2 et polluent notre environnement.

On estime par exemple qu’il faut 70 kilos de matières pour fabriquer un seul smartphone et que plus de 70% de son empreinte écologique est liée à sa fabrication. Or, la dégradation de l’environnement et le changement climatique, c’est aussi une affaire de droits humains. Ce n’est pas pour rien si les Nations unies ont reconnu l’existence d’un droit à l’eau et à l’assainissement et d’un droit à disposer d’un environnement propre, sain et durable.

Pourtant, l’extraction de matières premières et la surproduction de biens conduisent à de nombreuses pollutions et catastrophes environnementales. L’extraction et le traitement des métaux rares sont complexes, coûteux et polluants.

Selon l’ADEME, « l’empreinte environnementale des smartphones est principalement due à l’extraction des minerais (…) L’exploitation des mines conduit notamment à la destruction d’écosystèmes et à de multiples pollutions de l’eau, de l’air et des sols ».

C’est le cas en Chine, à Baotou, où un lac est désormais rempli de boues « radioactives », détruisant la faune et la flore aux alentours et affectant la santé des habitants, ou encore, en Serbie, où une nouvelle mine de lithium pourrait bientôt nuire à l’environnement.

L’empreinte environnementale des smartphones est principalement due à l’extraction des minerais.

En parallèle de l’extraction de matières premières, c’est également notre surproduction de déchets qui est problématique. La décharge du bidonville d’Agbogbloshie, dans la banlieue d’Accra au Ghana, est l’un des sites les plus pollués au monde. Beaucoup de nos objets électroniques y atterrissent. Des adolescents, appelés les “récupérateurs”, brûlent ces déchets pour récupérer les métaux précieux et s’exposent à des fumées fortement toxiques qui contaminent les sols et l’eau aux alentours.

Quelles sont les solutions pour des produits éthiques et durables ?

Faire durer plus longtemps nos objets du quotidien et lutter contre le tout-jetable, c’est aussi proposer un modèle de consommation plus respectueux de la planète et des êtres humains, et cela permet de limiter indirectement des violations de droits humains partout dans le monde.

Au niveau individuel, il est possible de se renseigner pour mieux choisir ses objets pour qu’ils soient durables et réparables, en allant par exemple sur notre plateforme Produits durables, et en choisissant des objets fabriqués dans des conditions éthiques, comme c’est le cas pour la marque de smartphones ou accessoires Fairphone ou en utilisant l’application Clear-Fashion ou la plateforme Dream Act. Il est également important de bien entretenir ses objets et de chercher à leur donner une seconde vie, et enfin de se questionner sur ses besoins réels et sur l’importance d’une consommation plus sobre.

Il existe de nombreuses solutions plus “systémiques” pour pousser à un changement de modèle. Des associations utilisent par exemple l’action juridique pour lutter contre l’impunité des « crimes économiques » des multinationales, et les poussent à appliquer leur « devoir de vigilance » afin de ne pas commettre de violations de droits humains ou de l’environnement, tout au long de leur chaîne de valeur.

HOP utilise également l’action juridique pour dénoncer l’obsolescence programmée et cherche par ailleurs à fédérer une grande coalition de citoyens pour exiger des produits durables et réparables, produits dans des conditions éthiques et respectueuses de l’environnement, et réutilisés ou recyclés dans le cadre d’une économie circulaire. Le changement des lois et des pratiques des fabricants est un levier essentiel pour limiter l’exploitation des personnes et repenser notre modèle économique gaspilleur et destructeur.

Rejoignez HOP pour exiger une société sans obsolescence programmée !

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