Obsolescence des lave-linge : une durabilité qui prend l’eau ?

L’association HOP // Halte à l’obsolescence programmée publie un rapport inédit sur l’obsolescence des lave-linge, en collaboration avec la start-up Murfy, experte de la réparation de gros électroménager à domicile.

La conclusion du rapport est sans appel : en 8 ans, la durée de vie des lave-linge a diminué de 30% (passant de 10 ans en 2010 à 7 ans en 2018). Les auteurs déplorent cette tendance des lave-linge, présents dans 97% des ménages français, induisant une hausse des prix pour les clients (jusqu’ 15 euros de plus par an) et une empreinte écologique désastreuse (l’empreinte écologique du lave-linge en CO2 équivaut à un aller-retour Paris-Toulouse en avion).

Le rapport sonne l’alarme concernant l’inaccessibilité, la conception et le prix exorbitant de certaines pièces essentielles au bon fonctionnement de l’appareil et même des pièces d’usure (cartes électroniques, roulements et charbons moteur). Pour un certain nombre de marques (LG, Samsung,…), se pose la question de l’intentionnalité de l’irréparabilité.

Les cas d’irréparabilité soulignés dans le rapport, limitant la durée de vie de l’appareil, pourraient être interprétés comme de l’obsolescence programmée technique indirecte.

« L’obsolescence représente un coût insupportable pour le consommateur comme pour l’environnement. Les fabricants doivent donc améliorer la réparabilité et la durée de vie des lave-linges, dès leur conception. »

souligne Laëtitia Vasseur, Déléguée Générale et co-fondatrice de HOP.

En tant qu’expert de la réparation, Murfy estime par ailleurs que 60% des pannes auraient pu être évitées, la plupart étant liées à un manque d’entretien. De plus, dans 50% des cas, il est possible de faire réparer son gros électroménager sans la moindre pièce détachée. Il en va ainsi de la sensibilisation des consommateurs pour un usage responsable de leur électroménager, même si tout n’est pas de leur ressort.

“ La mise en place de l’indice de réparabilité, via l’adoption de la loi anti-gaspillage, permettra d’aller dans ce sens. Plus le consommateur sera informé, plus il sera en mesure d’agir ”

précise Guy Pezaku, CEO de Murfy.

Le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire débattu le 24 septembre au Sénat représente, en effet, une opportunité à saisir pour allonger la durée de vie des biens. Les parlementaires peuvent mettre en place au moins 3 mesures fortes :

  • Rendre clairement illégales les techniques qui visent à entraver la réparation des appareils, dans le cadre du délit d’obsolescence programmée,
  • Imposer un indice de réparabilité obligatoire dès 2021, fiable et transparent, première étape vers un indice de durabilité,
  • Imposer des normes obligatoires et l’installation d’un compteur de cycles pour les lave-linge, innovation utile, à l’image des compteurs kilométriques de nos voitures ;

Pour Samuel Sauvage, président de l’association HOP :

« A travers la loi présentée actuellement au Parlement, le Gouvernement a la responsabilité de sanctionner les obstacles à la réparation et de promouvoir les solutions d’allongement de la durée de vie des produits ».

Chiffres clés :

2 700 000 nouvelles machines vendues chaque année
1 million de tonnes de C02 rejeté dans l’atmosphère

70 kg est le poids d’un lave-linge en moyenne
2 tonnes de matières mobilisées sur tout le cycle de vie du lave-linge

30 % des pannes sont dues à la carte électronique, dans le cas d’une pose de pièce, c’est la
première cause de panne des lave-linge
Le coût moyen d’une carte électronique est de 200€

L’association HOP a par ailleurs mis en place un formulaire de plainte pour les consommateurs qui souhaiteraient témoigner d’une panne de leur lave-linge.

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