Quatre mois après : où est l’indice de réparabilité ?

Le 3 novembre 2022, HOP s’est infiltrée dans un Carrefour afin de tirer la sonnette d’alarme et interpeller les consommateurs et les médias sur le non-respect de l’obligation d’affichage de l’indice de réparabilité chez certains distributeurs. Alors quatre mois après, où en est-on ?

En vigueur depuis le 1er janvier 2021 pour les smartphones, ordinateurs, lave-linges, tondeuses à gazon et téléviseurs, l’indice de réparabilité consiste en une note sur 10 qui évalue la facilité de réparer ou non un produit en prenant en compte différents critères comme la disponibilité et le prix des pièces détachées ou encore la démontabilité de l’appareil. Un outil très utile, donc, à condition d’être vu par le consommateur (et donc correctement affiché).

Une opération pour demander « Où est l’indice de réparabilité ? »

Alertée par des consommateurs, HOP a décidé d’enquêter chez plusieurs grands distributeurs en octobre 2022. Chez Carrefour, HOP a par exemple relevé que sur 86 smartphones 54 n’avaient pas l’indice, soit une moyenne de 62% des smartphones (pour le Carrefour Ivry) et que sur 14 télévisions exposées 12 ne respectaient pas l’obligation d’affichage, soit une moyenne de 85% des télévisions (pour le Carrefour Auteuil). Ce premier bilan empirique vient étayer l’enquête de la DGCCRF menée auprès de 329 établissements en 2021 qui conclut que 52 % d’entre eux n’étaient pas en conformité.

L’opération « Où est l’indice ? » le 3 novembre 2022

Face à ce constat, HOP a décidé d’alerter l’opinion publique le 3 novembre, veille de l’extension de l’indice aux aspirateurs et aux lave-vaisselles, en se rendant dans un magasin et en apposant un sticker “Où est l’indice de réparabilité ?” sur les étiquettes n’affichant pas l’indice.

Des engagements obtenus par HOP

Les médias sur place, notamment BFM et France 2, ont relayé l’information dans leur journal télévisé ce qui a permis de faire remonter nos demandes au niveau national. Le succès de cette intervention nous a permis d’obtenir un rendez-vous avec la direction de Carrefour lors duquel le distributeur nous a affirmé s’engager à être plus vigilant sur l’affichage.

HOP a également alerté par courrier la Fédération de Commerce et de Distribution (FCD) du non-respect de l’affichage de l’indice de réparabilité sur les produits concernés et lui a demandé à ce que les enseignes appartenant à la Fédération s’engagent à se mettre en conformité avec la loi. Dans sa réponse, la FCD rappelle son engagement dans la création de l’indice, mais reconnaît que “la situation n’est pas parfaite et que la conformité des redevables, quels qu’ils soient (producteurs, importateurs, distributeurs et vendeurs, y compris à distance), peut encore être améliorée”. Bien que la Fédération ne puisse pas s’engager à faire respecter l’obligation d’affichage de l’indice de réparabilité qui relève de chacune des enseignes individuellement, elle assure qu’elle a “relayé [notre] démarche auprès des enseignes et [veillera] à l’amélioration continue de la conformité aux exigences de l’indice de réparabilité”.

4 mois après : où en est l’affichage de l’indice de durabilité ?

Quatre mois se sont écoulés depuis l’action et ces échanges. L’heure est au bilan : les enseignes, et notamment Carrefour, ont-elles tenu leurs engagements ?

Nous avons repris l’enquête menée au mois d’octobre pour mesurer l’impact de cette campagne. Le bilan est mitigé, si certains hypermarchés ont fait un réel effort pour afficher l’indice de réparabilité ce n’est pas le cas de tous.

Le Carrefour Montreuil affiche désormais l’indice de réparabilité sur tous les smartphones (photo de février 2023)

Au mois d’octobre, nous avions observé au Carrefour Montreuil des taux d’affichage de l’indice de réparabilité très faibles. Un tiers des smartphones n’avaient pas l’indice, 45% des ordinateurs et 73% des télévisions. Depuis, le magasin s’est bien amélioré puisque tous les smartphones et ordinateurs portables affichent l’indice de réparabilité. Le rayon télévision est encore à la traîne avec un tiers des appareils sans indice. Néanmoins, l’effort est bienvenu et doit se poursuivre pour atteindre les objectifs fixés par la loi. L’action de HOP a également eu pour effet de renforcer l’affichage concernant la disponibilité des pièces détachées, autre obligation légale, sur des feuilles A4 bien visibles.

Cependant, l’affichage est insuffisant pour les nouveaux produits concernés par l’obligation. Ainsi, un quart des aspirateurs n’affichent pas l’indice de réparabilité.
En outre, d’autres magasins de l’enseigne Carrefour continuent de ne pas afficher l’indice de réparabilité sur les produits concernés. C’est le cas du Carrefour Aubervilliers où nous avons constaté en février 2023 que 100% des lave-linges, des lave-vaisselles et des aspirateurs n’affichaient pas l’indice de réparabilité et 47% des smartphones.

HOP continue de se mobiliser pour l’indice de réparabilité

Enfin, lors du Forum de la durabilité organisé par HOP à l’Académie du Climat en novembre 2022, Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique s’est engagée à “lancer, au courant de l’année prochaine, une enquête nationale de contrôle pour s’assurer que les entreprises appliquent bien ces nouvelles règles” précisant que ceux qui ne respecteraient pas la loi seraient sanctionnés. Nous l’invitons à se saisir de cette question au plus vite afin que l’indice de réparabilité soit le plus efficace possible.

Le Forum de la Durabilité de HOP s’est tenu les 18 et 19 novembre à l’Académie du Climat (Paris) et a réuni 450 personnes

HOP renouvelle son exigence quant à l’application par tous les fabricants et distributeurs de l’obligation d’affichage de l’indice de réparabilité. Le succès de l’indice de réparabilité dépend aussi bien de sa fiabilité que de l’information adéquate du consommateur. Pour que cette obligation légale soit effective, HOP appelle la DGCCRF par courrier à contrôler non seulement l’absence d’affichage mais aussi la fiabilité de l’indice, et à prononcer des sanctions si nécessaire. HOP demande à ce que l’indice mis en place réponde aux exigences législatives pour en faire un outil efficace au service du consommateur et contre l’obsolescence programmée, dans l’attente du futur indice de durabilité, encore plus complet.