Nouvelle réglementation européenne sur les smartphones et tablettes : des avancées en demi-teinte
Le règlement écoconception et son étiquette énergie arrivent en Europe sur tous les smartphones et les tablettes. HOP fait le point sur ces nouveautés apportant des bonnes nouvelles mais surtout des déceptions.

Malgré des avancées palpables en matière d’écoconception permettant la durabilité et la réparabilité, HOP reste très déçue de l’étiquette énergie qui entre en vigueur ce vendredi 20 juin 2025. La raison de cette déception ? Des critères manquants ou encore  un affichage dysfonctionnant. 

À partir du 20 juin, tous les smartphones et tablettes vendus en Union européenne seront accompagnés d’une étiquette énergie qui informera les consommateur·ices sur :

  • La classe d’efficacité énergétique (de A à G).
  • L’autonomie de la batterie par cycle de charge.
  • La résistance aux chutes (de A à E).
  • La durabilité de la batterie (avec le nombre de cycles).
  • La réparabilité grâce à un indice européen 
  • La résistance du produit à la poussière et l’eau (indice IP).

Un premier pas encourageant vers la transparence pour les consommateur·ices et la durabilité ? Pas totalement. 

Pourquoi l’étiquette énergie européenne est décevante

Alors qu’on aurait pu se réjouir de l’extension d’un indice de réparabilité au niveau européen, l’étiquette énergie comportant l’indice de réparabilité reste décevante pour plusieurs raisons.

L'indice réparabilité de l'étiquette énergie européenne.
  • Le caractère non agrégé de l’étiquette énergie rend impossible la comparaison de l’information en un coup d’œil. 

Contrairement aux indices français, on y retrouve le détail des informations les unes sous les autres. Déjà asséné par un flux continu d’informations, les consommateur·ice devront encore une fois essayer de comprendre ce qui se cache derrière leur produit, critère par critère.

  • Le critère fondamental du prix des pièces détachées n’est pas compris dans le calcul de l’indice de réparabilité des smartphones et tablettes

Pourtant, c’est un des points cruciaux à prendre en compte quand les chiffres de l’Ademe sont clairs : si une réparation coûte plus de 30% du prix du produit neuf, la plupart des Français et Françaises préfèrent remplacer. Et de quoi est composé le prix d’une réparation ? Du prix de la main d’œuvre d’une part, et du prix des pièces détachées de l’autre. En bref, un produit réparable mais aux pièces détachées hors de prix ne sera pas réparé. Cette étiquette risque de tromper la clientèle. Et certains produits risquent d’obtenir une bonne note alors qu’ils seront économiquement irréparables. Une décision à contre-courant des avancées majeures réalisées en France via l’indice de réparabilité et de durabilité.

  • Un indice de réparabilité européen qui donne des points aux fabricants qui respectent juste les règles européennes. 

Alors que l’objectif d’un indice est de récompenser ceux qui font mieux que la loi, dans l’indice européen on obtient un point sur chaque critère dès lors que l’on fait le minimum légal. Par exemple : la norme écoconception qui rentre en vigueur aujourd’hui impose la disponibilité des mises à jour logicielles des smartphones et tablettes pendant au moins 5 ans. Un fabricant qui respecte cette règle sans faire plus d’effort obtiendra donc 1 point à ce critère… Des points trop faciles à obtenir selon HOP.

Une bonne nouvelle quand même au sujet de l’étiquette énergie

L’étiquette énergie a empêché l’entrée en vigueur de l’indice de durabilité sur les smartphones vendus en France, malgré un projet abouti et ardemment négocié par l’ensemble des parties prenantes.

La vraie nouvelle dont nous pouvons nous réjouir ce jour est l’entrée en vigueur du règlement écoconception.

Celui-ci permet l’arrivée de règles ambitieuses comme l’obligation de rendre disponibles les pièces détachées des smartphones et tablettes pendant au moins 7 ans et la disponibilité des mises à jour pendant au moins 5 ans. Une avancée par rapport à ce qui était prévu en France, soit une obligation de mettre à disposition les pièces détachées pendant 5 ans. Le Ministère de la Transition écologique annonce dans son communiqué de presse que “grâce à une durée de vie prolongée des appareils, en 2030, les économies réalisées sur les coûts d’acquisition, qui sont autant de gains de pouvoir d’achat, sont estimées à 20 milliards d’euros à l’échelle de l’Union européenne”.

Une mise à mal de l’autoréparation

À noter en revanche que la Commission européenne a proposé des corrections de ce texte, à quelques semaines de son entrée en vigueur… Dans le texte initialement prévu, il était prévu que les fabricants devaient concevoir les téléphones et tablettes de manière à ce que leurs écrans soient remplaçables par les consommateur·rices eux-mêmes, avec des outils basiques. La version corrective propose un seuil moins ambitieux : les écrans doivent pouvoir être réparés par les réparateur·ices avec des outils pouvant être plus complexes et dans un atelier de réparation.

Une mise à mal donc pour l’autoréparation des écrans des smartphones et tablettes, et une ambition amoindrie. Les fabricants seront libres de permettre l’autoréparation des écrans par les consommateur·ices s’ils le souhaitent, mais cela ne serait plus une obligation réglementaire. Nous ne connaîtrons le sort de cette correction seulement dans les jours à venir.  

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