Budget 2026 de l’ADEME : un vote sous tension et un signal d’alarme pour l’économie circulaire
Le Conseil d’administration de l’ADEME a adopté ce 4 décembre le budget 2026 à une très courte majorité : 16 voix pour, 11 contre, 1 abstention. Plusieurs administrateurs ont voté en faveur du budget afin d’éviter un budget administré directement par l’État, tout en exprimant clairement leur insatisfaction, notamment sur la baisse du fonds Économie circulaire. Tous ont adressé leur soutien à l'ADEME et ses équipes, dont le travail est indispensable.

En tant qu’administratrice, Laetitia Vasseur, co-fondatrice et déléguée générale de HOP a voté contre ce budget, aux côtés des représentants du personnel, de plusieurs personnalités qualifiées du monde associatif et de représentants des collectivités locales.

Un recul historique pour l’économie circulaire

Alors que la France s’est engagée, via la loi de transition énergétique (art. 74), à réduire sa consommation de matières, le fonds Économie circulaire subit une nouvelle baisse de plus de 75 millions d’euros, soit un budget divisé par trois en trois ans. C’est un non-sens écologique, économique et stratégique.

Les travaux de l’ADEME (Transition(s) 2050) montrent pourtant que la réduction de l’empreinte matière est un levier incontournable de la neutralité carbone. Allonger la durée de vie des équipements permettrait des gains massifs : jusqu’à 860 000 tonnes de CO₂ évitées pour une seule année d’usage supplémentaire des gros appareils électroménagers en France, et 4 millions de tonnes de CO₂/an économisées en Europe en prolongeant d’un an la durée de vie de quelques appareils du quotidien.

Couper ces financements, c’est affaiblir les filières émergentes et les initiatives en faveur de la réparation, de l’éco-conception, du réemploi et du reconditionnement. C’est aussi fragiliser les associations ou les acteurs de l’ESS et les petites entreprises qui portent concrètement cette transformation au niveau national ou dans les territoires.

Des arbitrages incohérents 

À périmètre (trop) contraint, le fonds chaleur, doté de 800 millions d’euros, est intégralement préservé alors que moins de 10 % de ce montant suffiraient à maintenir un niveau d’action cohérent en matière d’économie circulaire. Continuer de financer la chaleur renouvelable est important ; réduire simultanément drastiquement les investissements dans la prévention, la sobriété, la réparation, la sensibilisation ou la lutte contre le gaspillage revient à neutraliser une partie des gains climatiques et environnementaux attendus.

Les filières REP (dont les administrateurs sont des metteurs sur le marché de produits neufs) ne peuvent en aucun cas compenser ce recul. Malgré leurs budgets importants, au regard de leur gouvernance en particulier, elles ne peuvent en aucun cas se substituer à une politique publique ambitieuse et indépendante en faveur de la transition écologique et de la sobriété matière.

Une première avancée obtenue : ouvrir le débat dès début 2026

À la demande de plusieurs administrateurs, le Président de l’ADEME s’est engagée à organiser début 2026 une réunion de travail dédiée à l’économie circulaire, afin :

  • d’évaluer l’impact des coupes et les mesures en faveur de l’écosystème clé (ESS, associations, entreprises, collectivités) ;
  • d’apprécier la cohérence et les enjeux entre financements publics et politiques REP ;
  • une discussion sur les arbitrages financiers.

C’est une première étape indispensable.

Un appel collectif à rétablir un cap cohérent

L’association HOP, rejointe par de nombreuses associations, entrepreneurs, élus locaux et acteurs de terrain, rappelle que l’économie circulaire n’est pas une variable d’ajustement budgétaire. C’est un pilier de la transition écologique, un moteur d’emplois locaux et un levier majeur de souveraineté industrielle.

Pour HOP, le message est clair : la France, si précurseure en matière d’économie circulaire, ne doit pas renoncer ni reculer devant les défenseurs d’une économie linéaire, coûteuse et dépassée.

Nous appelons le Gouvernement et l’ADEME, opérateur de l’État que nous soutenons pleinement, à s’engager financièrement à la hauteur des engagements climatiques et de l’intérêt général.

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