Depuis la Révolution industrielle, le capitalisme a subi une transformation fondamentale dans son mode de production, laquelle, véhiculée par la mécanisation des processus productifs, a intensifié la consommation de ressources et la production de déchets.

La croissance économique des économies mondialisées contemporaines s’appuie sur un modèle de production dit linéaire, répondant au quatuor « extraire, produire, consommer, jeter » : un modèle basé sur la surconsommation et l’extraction plutôt que sur le renouvellement des ressources, dorénavant non-viable pour les générations futures. En effet, les ressources naturelles desquelles on dépend, sont largement surexploitées et gaspillées à chaque étape de leur utilisation, engendrant en conséquence de nombreuses externalités négatives, notamment écologiques.

La croissance démographique exponentielle (8,8 milliards de personnes dans le monde en 2035 et 10 milliards en 2050 !) mènera à l’augmentation analogue des impacts environnementaux : un nombre croissant de personnes signifie une augmentation des besoins alimentaires, énergétiques, hydriques, spatiaux etc., et implique une production plus importante de déchets que l’environnement ne sera plus capable d’absorber entièrement. Une alternative au modèle de consommation linéaire est donc impérative.

Le contexte actuel de raréfaction des ressources naturelles et de dégradation environnementale a amené́ la France à questionner le modèle de production linéaire hégémonique. La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte a ainsi posé les bases pour l’adoption d’un modèle alternatif de production circulaire.

L’économie circulaire est basée sur la limitation du gaspillage des ressources et de l’impact environnemental des activités de production, par le biais d’une augmentation de l’efficacité́ à tous les stades du cycle de vie des produits. Plus concrètement, il s’agit de tenter de faire mieux avec moins.

Quelle sera la place de l’économie circulaire dans le système industriel français dans les années à venir ? Il est difficile de répondre avec précision : toute forme de prédiction futurologiste est une imposture !

Sur la base d’une méthodologie prospective, on peut néanmoins construire des scénarios possibles et plausibles permettant d’anticiper les trajectoires et la viabilité de l’économie circulaire en France au moyen et au long terme. Au-delà des spécificités des scénarios, on pourrait anticiper que, globalement, l’établissement de l’économie circulaire requiert un véritable changement de paradigme, une redéfinition profonde du modèle de production engageant tous les acteurs de la société : l’État, les entreprises et les citoyens.

Les clefs du succès résident dans la coordination de ces différents protagonistes, une véritable volonté politique et une innovation technologique tournée vers des solutions durables.

Or, la transition vers un modèle circulaire devrait être véhiculée principalement par l’État et la société́ civile grâce au renforcement de la législation et l’influence croissante des groupes citoyens dans la prise de décision politique. Il est évident que le plus grand obstacle à la transition, ce sont les acteurs industriels se situant au cœur du système d’exploitation des ressources et n’ayant pas la volonté́ de coopérer. Échappant à toute forme d’idéalisme, l’adoption de l’économie circulaire ne peut reposer entièrement sur la volonté́ des acteurs, mais sur une réelle réflexion d’anticipation stratégique prenant en considération les risques civilisationnels reliés à la continuation d’un modèle de production linéaire non-durable.

« L’avenir n’est pas écrit, il reste à faire ! ».

Pedro Alejandro Reyes

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