Il y a près de 50 ans, Gordon Moore le co-fondateur d’Intel développa une loi empirique dont la simplification veut que la puissance des ordinateurs, et des matériaux informatiques en général, double tous les deux ans. Appliqué aux smartphones on peut en effet constater une nette différence entre le Nokia 3310 sorti en 2000 et le dernier iPhone 6. Cependant, alors que le premier continue de fonctionner comme au premier jour pendant des années, le second demande une attention toute particulière pour dépasser deux ans de durée de vie. Produits phares de la société de surconsommation, les smartphones sont d’autant plus soumis à un renouvellement rapide du fait de l’obsolescence programmée.

Des leviers d’obsolescence bien identifiés

Cette obsolescence est appliquée de différentes manières aux smartphones. D’une part en diminuant l’attractivité du produit, les fabricants proposant régulièrement de nouvelles versions plus sophistiquées ou des mises à jour incompatibles avec les précédents modèles, ce qu’on appelle l’obsolescence esthétique et logicielle. D’autre part en réduisant la durée d’utilisation du produit, avec des batteries ne pouvant supporter qu’un nombre limité de cycles de charge (300 à 400 cycles soit deux à trois ans d’utilisation). La réparation est aussi de plus en plus compliquées avec des produits quasi indémontables et des pièces de rechange indisponibles, autant de cas d’obsolescence technique.

Ainsi nous changeons de téléphone portable environ tous les 20 mois, alors qu’en réalité ces produits ont une durée de vie moyenne de 4 ans selon l’UNEP (Programme des Nations Unies pour lenvironnement). Au final, le consommateur est souvent victime de cette obsolescence organisée et les conséquences sur l’environnement sont désastreuses, notamment à cause de l’exploitation des terres rares. L’extraction et la transformation de ces ressources nécessaires au fonctionnement des smartphones polluent, produisent des déchets radioactifs et détruisent les paysages, lors le montre le reportage d’Arte « Terres rares : le high-tech à quel prix ? ».

Toutefois ces manœuvres consuméristes ne représentent pas une fatalité, aujourd’hui plusieurs solutions émergent pour prolonger la durée de vie de nos smartphones et adopter un mode de consommation responsable. 

Un écosystème du réemploi en plein essor

Pour favoriser le réemploi, les grands opérateurs disposent désormais d’offres de téléphones portables reconditionnés et garantis. Ce marché est en plein essor puisque de nombreux sites internet tels que Backmarket, Ecophone ou e-recycle, proposent ces produits qui ont été préalablement réparés et testés, à des prix accessibles.

Réparer soi-même ou faire réparer : un geste désormais abordable

Ensuite, pour limiter le renouvellement intempestif de nos portables il convient d’envisager de les réparer avant de les changer. Conscients de cette opportunité, de nombreux centres de réparations sont présents un peu partout en France parfois sous forme de pop-up stores dans des centres commerciaux comme les Points Service Mobile, d’enseignes dédiées telles que Les Artisans du Mobile à Paris, voir de réparations à domicile comme proposées par  Remaker. Pour les plus courageux, il est aussi possible de réparer soi-même son téléphone grâce à des sites internet tels que SOSAV et Ifixit, proposant des pièces de rechange, des outils et des tutoriels illustrés pour procéder au mieux aux réparations. Enfin, des pionniers de l’innovation durable ont conçu le Fairphone 2, premier smartphone modulaire rendant les réparations accessibles à chacun, pour un coût raisonnable.

Se regrouper pour mener des actions collectives

Lutter à petite échelle contre l’obsolescence programmée est donc à la portée de tous ! Néanmoins, pour agir à la source du problème il faudrait sanctionner les concepteurs de téléphones portables pour que la fabrication de produits non fiables ne soit plus lucrative, limiter l’accroissement des déchets d’équipements électriques et électroniques, ainsi que le gaspillage des matières premières.  Pour ce faire il est possible d’agir collectivement par les biais dactions collectives comme c’est actuellement le cas contre Apple aux États-Unis. Cependant, la loi française est plus exigeante pour reconnaître ce type d’actions, elle requiert un nombre d’adhérents suffisamment important pour permettre à une association de défendre l’intérêt des consommateurs en justice. Ainsi en adhérant à l’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) dont l’objet est la lutte contre ces pratiques, vous pourrez impulser un changement concret!

Par Joana Messan, membre de HOP

Infographie réalisée par Thomas Van Der Linden

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