L’après-midi du Sommet de la Durabilité Programmée a été dédiée à des ateliers collaboratifs où les intervenants présentaient d’abord leurs expériences respectives en lien avec la problématique du « Défi de la durabilité » auquel ils ont participé. Suite à ce premier moment, HOP invitait les participants à interagir entre eux dans de petits salons de discussion, à compléter des documents collaboratifs de travail ainsi qu’à répondre à différents sondages.

Les échanges  d’idées lors des ateliers ont permis la mise en lumière de solutions concrètes, dont les intervenants comme les participants ont pu se nourrir pour s’engager encore plus durablement pour la transition.

Nous vous invitons à revenir sur ces instants d’intelligence collective avec les résumés des différents ateliers qui se sont tenus le 27 novembre 2020.

 

Défi 1 : Comment éco-concevoir des produits durables et réparables ? 

Nicolas Jacquemin, Co-fondateur de Craft ‘n sound, a présenté la genèse de son projet puis les principes d’éco-conception retenus pour la fabrication des enceintes. Il a également brièvement évoqué le business-model et la question de son élargissement en proposant la problématique suivante : quel business model proposer aux investisseurs et industriels pour les convaincre de mobiliser leurs ressources en faveur de l’éco-conception, de la durabilité et la réparabilité, malgré une rentabilité supposée inférieure ?

Margot Péjaudier, Designer éco-conception et associée de la coopérative Mu, a quant à elle décrit les quatre principes essentiels de l’éco-conception, tandis que Benjamin Tyl, Ingénieur de recherche et docteur en éco-innovation à l’Association pour l’environnement et la sécurité en Aquitaine (APESA), rappelait l’importance du lien avec l’utilisateur final et de proposer des offres différenciées, ainsi que la nécessité pour les concepteurs d’élargir leur écosystème en intégrant notamment les acteurs en pointe sur la réparation de leurs objets (recycleries, par exemple).

Les discussions en sous-groupes ont été l’occasion de revenir sur la nécessité du lien entre le fabricant et l’utilisateur, et du travail de fidélisation (via des ateliers de réparation organisés avec les consommateurs ou l’anticipation de ses besoins futurs par exemple). Le lien avec les différents acteurs, en particulier ceux du réemploi, a également été fortement discuté. Des pistes liées à l’aménagement de la fiscalité ont également été discutées.

Défi 2 : Le numérique au service de l’obsolescence programmée ? 

Agnès Crepet, Head of IT de Fairphone, a présenté le cas pratique du smartphone de la firme néerlandaise : les intentions en termes de durabilité et d’équitabilité dans la chaîne d’approvisionnement et les difficultés rencontrées, notamment à l’égard des dépendances envers des monopoles numériques. Le but était d’ouvrir les échanges et de les structurer autour de la question suivante : comment pourrait-on augmenter la durabilité de nos équipements électroniques et de nos smartphones plus spécifiquement ?

Adrien Montagut, Co-fondateur de la coopérative Commown, et Jean-François Marthaler, Directeur de why! open computing, ont pu revenir sur les solutions proposées par leurs entreprises, qui ont adopté des modèles basés sur le recours aux logiciels libres notamment. Jean-Christophe Chaussat, Président de l’Institut du Numérique Responsable (INR), et Marylou Leroy, Responsable juridique et des affaires institutionnelles du Conseil National du Numérique (CNNum), ont pour leur part détaillé les impacts et les enjeux induits.

Les discussions en sous-groupes ont, entre autres, abordé le besoin de transparence et d’harmonisation des règles au niveau européen (au travers de la directive européenne sur l’éco-conception par exemple), l’importance de mettre en visibilité les meilleures pratiques et de jouer sur la concurrence entre les entreprises. Le levier de la commande publique (via des critères durables dans les achats) a également été abordé, tout comme la formation à l’école et en particulier des futurs ingénieurs et informaticiens sur ces sujets, ainsi que le rôle du logiciel libre.

Défi 3 : Durability and repairability : opportunity or threat for businesses ?

Ce défi s’est tenu en anglais. Cyrille Roget, Scientific and Innovation Expert Engagement and Brands Corporate Direction at Michelin, led the case study on tyres to illustrate the arbitration induced by durability within products and its benefits. In particular the discussion aimed at answering the following question : how to make durability a win win situation in the tire industry ?

Joe Iles, Circular Design Programme Lead at the Ellen MacArthur Foundation, and Tim Cooper, Professor at Nottingham Trent University and author of Longer Lasting Products: Alternatives to the Throwaway Society (2010), were here to give their insights on circular economy issues and opportunities.

Group discussions were led in two steps for each side : from one side how to make sure consumers benefit from the extra durability offered to them ? And from the other side, how to value and incentivize durability for dealers ? For the consumer, the goal was to identify the typical situations / behaviours of consumers leading to premature tires replacement, and then to identify the most critical one and how to act on it. For the dealer side, purpose was the same about the typical behaviours leading the dealers to change tyres earlier than necessary.

Défi 4 : De l’indice de réparabilité à l’indice de durabilité

Pierre Lemaire, Manager Après-Vente de ADEO, a introduit le sujet en revenant sur la manière dont a été appréhendé la mise en œuvre de l’indice de réparabilité sur une catégorie de produits (les tondeuses électriques) au sein du groupe ADEO et quelles en ont été les principales étapes. Cette présentation a été complétée sur les aspects réglementaires de l’indice et l’historique de la mesure prévue par la loi AGEC par Jean-Paul Ventère, chargé de mission produits et consommation durable au Ministère de la Transition Écologique. Cette introduction a permis d’établir la problématique suivante pour le défi : Comment préparer la transition de l’indice de réparabilité à l’indice de durabilité, prévu en 2024 ?

Mariane Ighilahriz, Senior Manager Développement Durable à In Extenso Innovation Croissance, a alors pu présenter l’étude de préfiguration en cours pour le compte de l’ADEME sur l’établissement du prochain indice de durabilité pour 2024, tandis que Benoit Delporte, Co-fondateur de MaGarantie5ans.fr, est revenu sur les implications techniques.

Les discussions ont fait émerger l’absolue nécessité de bien définir le terme durabilité ainsi que ses objectifs, du fait sa signification très large et des potentielles confusions sémantiques. La clarification des différences et interactions avec la réparabilité ont aussi été longuement évoquées, de même que le besoin d’approfondir la réflexion entre les points communs et divergences entre robustesse, soutenabilité, recyclabilité notamment, afin de définir les critères et indicateurs les plus pertinents possibles vis-à-vis de l’allongement de la durée de vie comme de la réduction de l’impact environnemental des produits.

Défi 5 : Le reconditionné peut-il devenir la norme de demain ? 

Après une présentation des activités du réseau ENVIE (3000 salariés dont 2300 en réinsertion, 125 000 appareils rénovés chaque année) par Jean-Paul Raillard, Président de la Fédération Envie et de l’association Green Friday, Vianney Vaute, Co-fondateur et Chief Creative Officer de Back Market, et Jean-Lionel Laccourreye, Président du SIRRMIET, ont également partagé leur vision du secteur du reconditionné, de ses enjeux et des conditions par lesquelles il pourra se développer, autour de la problématique suivante : produits reconditionnés, comment donner confiance durablement au consommateur ? Le terme reconditionné regroupe de nombreux parcours de vie antérieure différents pour un produit (le plus souvent un produit retourné par le client lors de la période de rétractation, un produit d’exposition ou d’un produit légèrement endommagé à la livraison). Cette diversité des parcours fait de la confiance une question capitale pour que les consommateurs se tournent vers le reconditionné.

De nombreuses pistes et réflexions ont émergé au cours des discussions en plénière et dans les groupes de discussion. Il ressort notamment de ces échanges le besoin de rapprocher au maximum la qualité du service proposé dans le cadre du reconditionné de celle du neuf (par exemple allonger la durée de garantie, abaisser au maximum le taux de panne, ou encore proposer un service après-vente de qualité). Les questions de labellisation, de la visibilité du reconditionneur (au même titre que le fabricant ou le distributeur), et de la communication (en mettant en avant les emplois locaux créés par exemple) ont également été évoquées.

Défi 6 : Comment allier sécurité et durabilité des produits ?

Durant l’exposé du cas pratique, Guy Pezaku, Co-fondateur et CEO de Murfy, a présenté l’offre de son entreprise, les principaux chiffres de la réparation en France, et deux cas de réparation, l’une courante mais complexe pour un particulier, et l’autre dangereuse. Ces propos servaient d’introduction pour la discussion autour de la question suivante : comment concilier sécurité et autoréparation ?

Raphaël Bartlomé, Directeur adjoint à l’Action politique et Responsable du service juridique de UFC-que Choisir, était présent pour rappeler les droits des consommateurs et pour préciser les responsabilités pour les cas d’auto-réparation. Johanna Gdalia, Manager Ventes Internationales et référence RSE Consumer and Retail de SGS France, a pu apporter l’éclairage de SGS (spécialiste de l’inspection et de la certification), tandis qu’Ophélie Baguet, Responsable de la communication de Spareka, expliquait comment son entreprise met à disposition des consommateurs des tutoriels pour les aider à effectuer leurs réparations en toute sécurité.

Les discussions en sous-groupes sont revenues sur l’importance et l’utilité des tutoriels digitaux, y compris de développer des tutoriels dédiés aux normes de sécurité, et sur l’opportunité que représente le développement de la visio. La question de la documentation et de l’obligation d’information a bien entendu également été discutée, tout comme le besoin de renforcement du cadre légal quant aux responsabilités en cas d’accident lors d’une autoréparation.

 

 

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