L’élaboration des indices de réparabilité : le dessous des cartes des groupes de travail
Vous êtes-vous déjà demandé d'où venait l'indice de réparabilité affiché sur les ordinateurs, aspirateurs ou encore les lave-vaisselles ? Que se cache-t-il derrière cette note sur 10 ? Rassurez-vous : HOP participe à leur élaboration. Mais avec qui ? Et comment ? On vous explique tout dans cet article.

Les scores sur 10 qui permettent d’identifier les produits les plus réparables sont devenus incontournables. Chez HOP, on s’est battu pour qu’ils existent, et pour qu’ils s’appliquent à toujours plus d’objets du quotidien. Ce travail continue aujourd’hui pour de nouveaux indices de réparabilité. Parfois face à des lobbies industriels qui ne partagent pas notre vision.  Mais HOP ne lâche rien : nous défendons l’environnement et les consommateur·ices. 

Pour rappel, les indices réparabilité et durabilité qu’est-ce que c’est ? 

Introduits par la loi AGEC, les indices de réparabilité et de durabilité ont pour objectif d’informer les consommateur·ices. Cette information vise à signaler du caractère plus ou moins réparable des produits. Elle se matérialise en une note allant de 0 à 10. Vous l’avez forcément déjà croisé dans les rayons des produits neufs : son affichage est obligatoire. 

Depuis 2021, l’affichage de l’indice de réparabilité doit être présent sur les ordinateurs portables, lave-vaisselles, les tondeuses à gazon électriques, les aspirateurs et les nettoyeurs à haute pression. Depuis 2025, les téléviseurs et les lave-linges sont eux encadrés par l’indice de durabilité prenant en compte, en plus de la réparabilité, la fiabilité de l’appareil. Quant aux smartphones et tablettes, ils bénéficient d’un encadrement européen.

2025 marque également un nouveau tournant par l’annonce de l’extension de l’indice réparabilité à 12 nouveaux produits. Cette extension s’étalera sur plusieurs années.

Actuellement, l’élaboration de l’indice de réparabilité a déjà commencé depuis cet été pour : 

  • Les vélos à assistance électrique (VAE)
  • Les sèche-cheveux
  • Les enceintes audio
  • Les robots culinaires

Ensuite, ce sera au tour des fours micro-ondes ; les rasoirs et épilateurs électriques ; les casques audio et écouteurs et les trottinettes électriques. Suivi, des airfryers, appareils de coiffage, vidéoprojecteurs et climatiseurs.

Les critères dont il est question dans cet article ne sont encore qu’au stade de discussion. Ceux-ci seront actés définitivement par leur inscription dans les textes officiels dans les mois à venir.

Comment et par qui sont élaborés les indices ? 

Pour obtenir ces notes, des critères de notation doivent être établis dans les textes réglementaires (principalement des arrêtés). Ces critères de notation sont discutés au sein de groupes de travail (GT) composés de différentes parties prenantes. Leur composition repose sur le volontariat des acteurs concernés après un filtrage des pouvoirs publics (le Ministère de la Transition Écologique et l’Ademe) pour tenter d’assurer une certaine répartition. Chaque groupe de travail reparti par produit (dit “GT sectoriel) a deux ou trois co-pilotes. L’attribution de ce rôle est gérée par les pouvoirs publics. Dans chaque groupe de travail, on retrouve des metteurs sur le marché, distributeurs, fédérations professionnelles, réparateurs, reconditionneurs, associations de consommateurs et de protection de l’environnement, des représentant·es de repair café et des expert·es. 

Le duo ministère de la Transition Écologique (MTE) et l’Ademe – présent dans chaque GT sectoriel — ainsi que le copilote de chaque groupe sont responsables de l’organisation générale. Comme déterminer et rappeler l’ordre du jour, rédiger les comptes-rendus et animer les GT. En cas d’absence de consensus du groupe, et sur la base des arguments avancés lors du GT, ce sont les pouvoirs publics qui arbitrent la décision finale. Enfin, les membres se doivent eux de participer aux réunions et d’y partager leurs expériences et données collectées pour assurer l’élaboration d’un indice le plus efficace possible. 

La grille de notation de l’indice de réparabilité

  • Critère 1 : La durée de disponibilité de la documentation.
  • Ciritère 2 : La facilité de démontage du produit, le type d’outils nécessaires et les caractéristiques des fixations.
  • Critère 3 : L’engagement du producteur sur la durée de disponibilité des pièces détachées et sur le délai de leur livraison.
  • Critère 4 : Le prix des pièces détachées.
  • Critère 5 : Des sous-critères propres à chaque catégorie de produits concernée, comme par exemple assurer la possibilité de réinitialisation logicielle pour les ordinateurs portables ou encore l’accessibilité du compteur d’usage pour les lave-vaisselles.

Chacun de ces critères est évalué sur 25. La notation finale — sur 100 — témoigne alors de la réparabilité établie d’un produit. Cette note, transposée sur 10, représente un enjeu majeur pour les droits des consommateur·ices.

Les critères défendus par HOP 

HOP est partie prenante des GT enceintes audio, vélo à assistance électrique (VAE) et est co-pilote du GT appareil de coiffures soufflants. Dans ce cadre, l’association publie très régulièrement en amont des GT des positions écrites pour proposer des critères ambitieux et s’assurer de la fiabilité des nouveaux indices. HOP regrette que certains metteurs sur le marché ne partagent pas en amont leurs positions écrites. Dans bien des cas, cela ne permet pas d’avancer rapidement et laisse à la charge d’autres acteurs —  notamment associatifs — l’amorçage des positions pour base de discussions. 

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HOP regrette aussi que les arguments de sécurité et d’innovation soient très souvent utilisés par certains fabricants pour discréditer certaines propositions.
Flavie Vonderscher
Responsable du pôle plaidoyer de HOP

HOP a rappelé l’intérêt du caractère discriminant et informatif de l’indice entre un appareil “classique” et un autre “plus innovant” si celui-ci s’avère moins réparable du fait de sa conception. Et l’association s’est réjouie que les pouvoirs publics puissent faire ce rappel à plusieurs reprises.

Indices de durabilité ou indices de réparabilité ?

HOP s’est toujours positionné en faveur d’un indice de durabilité plutôt qu’un indice de réparabilité, en raison de son caractère plus complet. Mais aussi pour la compréhension des consommateur·ices, puisque 2025 a marqué l’arrivée de l’indice de durabilité dans les rayons.

Néanmoins, il a été préférable d’arbitrer pour l’instant en faveur d’un indice de réparabilité concernant les produits de la première vague. Et ce, parce qu’aucune norme généralisée ne permet aujourd’hui de fournir de base à ces critères de fiabilité. Limitant ainsi le risque de voir les metteurs sur le marché fixer des notes de fiabilité sans normes pour les encadrer. 

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Le champ d’application de l’indice 

Pour qu’un indice soit efficace, celui-ci doit être transposable au plus grand nombre de produits similaires afin qu’ils soient comparables entre eux. Les innovations entraînent une tendance à la différenciation et à la division en sous-catégorie des produits de la part des metteurs sur le marché. Lors des GT, un véritable travail de définition s’est avéré nécessaire. 

Sur ce principe, il n’est plus question par exemple de “sèche-cheveux” mais “d’appareil de coiffure soufflant”.

Cette dénomination permet d’intégrer les brosses soufflantes. Leur fonctionnement et les pièces détachées sont les mêmes que pour un sèche-cheveux filaire ou sur batterie. Pour les GT “enceinte audio”, l’enjeu était de pouvoir intégrer dans le scope les barres de son et enceintes intelligentes. Bien que vendues au même endroit en magasin, les fabricants ont plaidé pour ne pas inclure ces dernières, en utilisant l’argument qu’il ne s’agissait pas du même type de produits. 

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Ces deux cas illustrent les tentatives à répétition des metteurs sur le marché de minimiser l’étendue de l’indice.
Flavie Vonderscher
Responsable du pôle plaidoyer de HOP

Les pouvoirs publics ont finalement arbitré en donnant gain de cause à une application large de l’indice. 

Ses victoires ne sont malheureusement pas présentes dans tous les GT. Alors que les batteries sont une des principales causes de panne concernant les VAE, leur réparabilité ne sera pas prise en compte dans l’indice.

Persuadée de l’enjeu majeur que représente leur intégration pour les droits des consommateur·ices et l’environnement, HOP regrette cette décision.  

Le temps de mise à disposition des pièces détachées 

Plus les pièces détachées sont disponibles longtemps, moins le consommateur a besoin de changer son produit en cas de réparation. Cette logique est au cœur du combat mené quotidiennement par HOP.  

Le Baromètre SAV Fnac Darty 2025 nous dévoile que plus de 50 % des pannes d’enceintes nécessitent un changement de pièces détachées, pour les pannes d’appareils de coiffure soufflants, ce chiffre peut monter jusqu’à plus de 75 %.

Face à cette réalité alarmante, les GT ont abouti pour l’instant sur le nombre d’années minimum suivant pour attribuer des points : 

  • 10 années a minima pour les appareils de coiffure soufflants afin d’obtenir le minimum de points ;
  • 6 années a minima pour les VAE afin d’obtenir le minimum de points ;
  • 5 années a minima pour les enceintes audio (discussions encore en cours). 
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Si pour les appareils de coiffure soufflants, HOP se réjouit de l’issue, l’association émet des réserves concernant les VAE et les enceintes audio, pour lesquelles nous estimons l’ambition trop basse.
Flavie Vonderscher
Responsable du pôle plaidoyer de HOP

Le nombre d’étapes de démontage 

Les parties prenantes des GT, en particulier les metteurs sur le marché, ont été invitées par les pouvoirs publics à partager de manière anonyme les nombres d’étapes de démontage pour chaque pièce détachée de leurs marques afin d’établir des moyennes.

Ces données ont une importance majeure. Elles illustrent la rapidité et la facilité d’accès, ou non, de chacune des pièces détachées. Une accessibilité en peu d’étapes témoigne d’une réparabilité plus abordable tant aux consommateur·ices qu’aux réparateur·ices. 

Pour appuyer nos arguments et créer nos propres données, les équipes de HOP ont pu réaliser leurs propres tests de démontage en partenariat avec le repair café Paris 5 en Transition. 

HOP félicite certains arbitrages ambitieux des pouvoirs publics, notamment pour les VAE. Tous les points seront attribués pour les pièces démontables entre 0 et 5 étapes, et aucun point si une pièce nécessite plus de 13 étapes pour être démontée. 

Les derniers groupes de travail sont sur le point d’avoir lieu. Les parties prenantes ont jusqu’au mois de décembre pour faire part leurs derniers retours sur ces critères. 2026 sera l’année de publication des textes avant l’entrée en vigueur des textes 6 mois plus tard, et marquera le démarrage de la nouvelle vague pour les prochains produits concernés par ces travaux : les fours micro-ondes ; les rasoirs et épilateurs électriques ; les casques audio et écouteurs et les trottinettes électriques. 

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