Il y a 10 ans, j’ai cofondé HOP – Halte à l’Obsolescence Programmée. À l’époque, j’étais habitée par une certitude : il fallait dire stop à la logique du jetable, dénoncer les pratiques qui réduisent la durée de vie des produits, faire de la durabilité une norme, pas une exception.
On me disait que les consommateur·ices ne voulaient que des prix bas. Qu’il fallait choisir mes combats, mes cibles.
Pas de quoi me décourager. Moi, je ne voulais pas prendre le problème par un petit bout de la lorgnette. Je voulais tout mener de front pour réussir à changer le système : l’information, les enquêtes, le plaidoyer, les actions en justice, la mobilisation citoyenne.
La lassitude d’un combat permanent
Et on l’a fait. On a alerté, proposé, interpellé. On a grandi, on s’est structurés. Oui, on a eu de l’impact.
Mais ce que je n’avais pas prévu, c’est la lassitude et le doute. La lassitude que provoque un combat permanent, dans un monde qui résiste au changement.
Parce que les choses n’avance pas aussi vite que je le voudrais. Parce qu’on a beau créer des outils juridiques, inventer de nouvelles règles du jeu, aucun procès en obsolescence programmée n’a encore eu lieu et le statu quo peine à être bousculé.
Certes, nous avons obtenu 25 millions d’euros d’amendes contre Apple en 2020.
Mais 10 ans après l’adoption du délit, il n’y a toujours eu aucune condamnation sur trois de nos plaintes (Epson, Apple, HP) alors que les faits sont là.
Malgré l’obtention de progrès incroyables dans la loi Anti-gaspillage et économie circulaire, j’ai pu observer l’inertie au changement.
Et puis, je dois avouer qu’il y a eu aussi la fatigue.
À la tête d’une organisation en croissance, j’ai dû m’inventer mille rôles à la fois : manager, comptable, communicante, fundraiser, juriste, facilitatrice, recruteuse, lobbyiste…
Quand je suis devenue mère, j’ai ajouté une nouvelle casquette. Mon équilibre a vacillé. J’ai frôlé l’épuisement. J’ai continué à avancer, mais comme un robot. J’avais perdu l’étincelle.
Et puis un jour, l’étincelle est revenue.
Un combat contre l’obsolescence partagé
Parce que j’ai compris que ce combat ne reposait pas que sur moi. Cette cause, aujourd’hui, elle me dépasse. J’ai créé HOP, un collectif, une association à part entière. Portée par une équipe, des bénévoles, des partenaires, des citoyen·nes qui participent à ce combat.
J’ai pris conscience que je n’étais pas seule à porter cette responsabilité.
Ce déclic a tout débloqué.
En acceptant de se projeter loin. En renonçant au “tout, tout de suite”. En structurant l’équipe. En faisant de nos utopies, une stratégie. En me concentrant sur ce qui m’anime profondément : défendre et proposer une autre manière de produire, de consommer, de réparer. Une autre société, plus juste. Les géants de l’industrie n’ont qu’à bien se tenir !
Quand je regarde ces 10 années passées, je suis fière. Pas seulement du chemin parcouru, mais de ce qu’il nous permet de viser aujourd’hui.
Mais je ressens aussi de l’indignation face à l’obsolescence accélérée des produits, qu’elle soit technique ou logicielle, les stratégies commerciales qui nous conditionnent à consommer toujours plus au mépris des enjeux environnementaux, et le silence de la justice. Face à ces enjeux systématiques, nous ne sommes pas impuissant·es. Bien au contraire. De l’impact, on peut en avoir encore beaucoup plus.
Adhérer à HOP aujourd’hui, c’est dire haut et fort :
- Que vous refusez l’impunité des marques.
- Que vous exigez l’application du droit.
- Que vous exigez des produits conçus pour durer.
Il reste encore tellement à faire. Mais aujourd’hui, je sais que nous en sommes capables.
Et nous avons besoin de vous pour y arriver.
Merci à toutes celles et ceux qui rendent cela possible depuis 10 ans. Et bienvenue à celles et ceux qui nous rejoignent aujourd’hui pour nous donner la force de viser plus loin avec le ciel comme seul limite !
Devenez adhérent·e. Faites partie du mouvement.
Laëtitia Vasseur
Cofondatrice et Déléguée générale de HOP
