Microsoft met prochainement fin aux mises à jour gratuites de Windows 10. La date couperet du 14 octobre 2025 a été très récemment repoussée d’un an pour les utilisateur·ices particuliers, mais les entreprises et administrations ne sont pas concernées par ce recul de Microsoft. Ce changement n’est qu’un sursis insuffisant et incertain. La coalition “Non Taxe Windows” continue de se mobiliser pour obtenir des mises à jour gratuites pour toutes et tous jusqu’à 2030.
Jusqu’à 400 millions d’ordinateurs pourraient rester sur le carreau du fait de leur incompatibilité avec Windows 11. Les utilisateur·ices ont pu en être informé·es via des publicités non sollicitées, affichées directement en plein écran sur leur ordinateur, parfois plusieurs fois par mois, et depuis a minima janvier 2025. HOP a signalé les publicités de Microsoft auprès du Jury de déontologie publicitaire (JDP), instance non judiciaire émettant des avis sur le respect des règles déontologiques de la publicité, sans pour autant disposer d’un pouvoir de sanction.
« Passez au niveau supérieur avec les nouveaux Copilot+ PC »
Les messages de Microsoft, qui auraient pu avoir un caractère strictement informationnel sur la fin de Windows 10, et les différentes options disponibles, orientent en réalité les utilisateur·ices vers le renouvellement de leur ordinateur et spécifiquement par “un nouveau PC Windows 11”, ce qui leur confère une nature publicitaire.
La promotion ouverte des nouveaux ordinateurs Copilot+ produits par Microsoft est récurrente: “Faites-en plus avec un nouveau PC Windows 11”, et plus loin : “Vous voulez profiter du meilleur de Windows 11 ? Passez au niveau supérieur avec les nouveaux Copilot+ PC, les ordinateurs Windows les plus rapides et les plus intelligents jamais conçus”.

Cette promotion des nouveaux ordinateurs s’accompagne d’une disqualification des anciens PC, qualifiés d’”obsolètes” et associés à des termes anxiogènes : “Les PC obsolètes exposent votre entreprise à des risques”, ou encore “Restez protégé : préparez-vous à la fin du support de Windows 10”.

L’absence de mention par Microsoft des alternatives, telles que l’installation d’un système d’exploitation libre ou la souscription à l’Extended Security Update, laisse penser que le renouvellement de l’ordinateur est l’unique option.
Obsolescence marketing et incitation au gaspillage ?
Par ces publicités, Microsoft paraît encourager le renouvellement accéléré des équipements, et donc un comportement de surconsommation en contradiction avec la logique d’économie circulaire recommandée par l’ARPP et les pouvoirs publics. La firme utilise les ressorts de l’obsolescence marketing, pour inciter au renouvellement prématuré d’objets fonctionnels, en dépit d’impacts sociaux et environnementaux délétères. Selon l’Ademe, plus de 90 % de l’impact carbone des ordinateurs est généré à leur fabrication. Couplée à la décision de Microsoft de mettre fin aux mises à jour gratuites du système d’exploitation de Windows 10, cette campagne publicitaire pourrait être à l’origine de la mise au rebut de jusqu’à 400 millions d’ordinateurs dans le monde, soit plus de 70 millions de tonnes de CO2 émis.
c’est le poids des matières premières nécessaires en cas de remplacement des ordinateurs sous Windows 10 incompatibles avec Windows 11./
HOP dépose plainte auprès du Jury de Déontologie Publicitaire, en appelant à l’interruption de cette campagne publicitaire. L’association demande par ailleurs la diffusion par Microsoft, sur tous les équipements concernés, d’un message informatif rectificatif à propos des alternatives au renouvellement des ordinateurs non compatibles avec Windows 11.
L’impasse de la taxe Windows
Il est encore temps d’agir, Microsoft doit revenir sur sa décision. La coalition “Non Taxe Windows” composée de 22 organisations et coordonnée par HOP, appelle au maintien des mises à jour de sécurité non payantes de Windows 10 a minima jusqu’à 2030. Plus généralement, nous défendons l’encadrement légal des pratiques d’obsolescence des logiciels, afin d’assurer la mise à disposition gratuite et sans contrepartie des mises à jour logicielles pendant au moins 15 ans, ainsi que l’obligation d’information des utilisateurs et utilisatrices sur le passage à un système d’exploitation libre.