En janvier 2025, les smartphones Google Pixel 4a ont subi une mise à jour automatique réduisant drastiquement les capacités de leurs batteries. Alerté par des milliers d’utilisateurs et d’utilisatrices, HOP – Halte à l’obsolescence programmée a adressé une lettre ouverte à Google en février 2025. N’ayant pas obtenu de réponse à date, nous faisons un état des lieux.
Du jour au lendemain, des milliers de batteries à plat
Le 6 janvier 2025, Google annonce dans un communiqué que les smartphones Google Pixel 4a seront automatiquement mis à jour à partir du 8 janvier, pour des raisons de “stabilisation des performances de la batterie”. Si la firme signale que “l’autonomie de la batterie entre deux recharges pourrait donc être réduite”, les utilisateur·ices n’ont pas eu le choix de cette mise à jour. Certain·es signalent d’ailleurs qu’elle s’est effectuée automatiquement, alors même qu’ils avaient au préalable désactivé les mises à jour automatiques.
Suite à cette mise à jour, de nombreux·ses utilisateur·ices constatent que leur batterie présente d’importants dysfonctionnements. Pour apprécier l’ampleur du problème, HOP a mis en ligne un formulaire de signalement dans les semaines suivant l’incident. Depuis le 23 janvier 2025, nous avons reçu 2604 signalements concernant le Google Pixel 4a.
des signalant·es, la batterie du smartphone ne tient plus
Certains signalent par ailleurs des problèmes de charge (pour 7% des cas).
Une compensation insuffisante de la part de Google
Pour bénéficier de la compensation, il faut avoir acheté son Pixel 4a avant le 6 janvier 2025, et remplir un questionnaire avant le 8 janvier 2026. Seuls les particulier·ères peuvent en bénéficier : “les revendeurs, les grossistes ou les propriétaires d’appareils en gros non destinés à un usage personnel ne sont pas éligibles”. La compensation proposée par la firme peut prendre trois formes, au choix :
- Un bon de 100$ pour l’achat d’un autre téléphone Pixel sur le Google Store
Ce bon, non cumulable avec d’autres réduction, est d’un montant bien inférieur au téléphone le moins cher du Google Store (le Pixel 8a était à 549€ le 6 février 2025). Il n’est pas utilisable sur d’autres plateformes, où des Google Pixel sont pourtant disponibles à moindre prix. En limitant l’utilisation du bon à la boutique officielle, Google couvre à peine la différence de prix entre sa plateforme et celle de ses revendeurs.
- Un virement de 50$, convertis dans la devise locale
Ce remboursement, d’un montant dérisoire par rapport au prix du smartphone neuf et au coût du renouvellement, est soumis à la création d’un compte dans la banque en ligne Payoneer. Cela suppose le partage de nombreuses informations, ainsi que le règlement de 30$ de frais bancaires au bout d’une année.
- Le remplacement gratuit de la batterie, indisponible en France
Dans certains pays (USA, Royaume-Unis, Inde, Canada, Allemagne, Singapour), les utilisateur·ices peuvent bénéficier d’un remplacement gratuit de la batterie. Cela ne concerne malheureusement pas les consommateur·ices situé·es sur le sol français.
Un retour en arrière compromis
Les utilisateur·ices souhaitant remédier à ce problème ont pu être confronté·es à des difficultés de réparation, notamment du fait de l’incertitude quant à l’opération à effectuer, entre remplacement de batterie et manipulations logicielles.
- Remplacer la batterie : une réparation plus coûteuse que prévu ?
Parmi les signalements adressés à HOP
des signalant·es ont tenté la réparation.
d’entre eux et elles y sont parvenus (soit 1% du total des signalant·es).
La moyenne des coûts de réparation indiqués par les répondant·es, ce qui correspond à plus de trois fois le montant du virement de compensation proposé par Google.
Les problèmes rencontrés sont les suivants :
- Batterie indisponible : Après la mise à jour, la batterie de rechange est restée en rupture de stock sur la plupart des plateformes. Pour 39% des personnes ayant échoué à réparer leur Google Pixel 4a, la batterie n’était pas disponible.
- Difficile démontabilité du Google Pixel 4a : De nombreux témoignages ont fait part d’importants risques de casser l’écran en changeant la batterie. D’ailleurs, 22% des signalements d’échecs de réparation nous rapportent que le smartphone n’était pas réparable ou démontable.
Par ailleurs, la batterie n’étant pas physiquement détruite, il serait techniquement possible de revenir à sa performance initiale en changeant de version d’Android ou en installant un autre OS. Certain·es utilisateur·ices signalent cependant la suppression par Google de l’option de téléchargement d’Android 12 sur ce smartphone, et donc l’impossibilité de revenir en arrière.
D’autres utilisateur·ices mentionnent le LineageOS comme alternative basée sur Android 15. En revanche, cette manipulation demande une certaine connaissance, et Google ne communique nullement à ce propos.
Pour 33% des personnes ayant échoué à faire réparer leur smartphone, ce problème logiciel ne pouvait pas être réglé. Cela témoigne de la difficulté à avoir recours à ces solutions logicielles.
Des utilisateur·ices pris·es au dépourvu
HOP a pu constater une forte insatisfaction des consommateur·ices. Parmi les signalements, 85% des personnes affirment ne pas avoir essayé de faire réparer leur smartphone, pour les raisons suivantes :
- 24% expriment ne pas savoir où faire réparer leur smartphone,
- 22% pensent qu’il n’est pas réparable,
- 13% n’ont pas confiance,
- 8% considèrent ne pas avoir le temps, ou devoir se séparer de leur smartphone pendant une trop longue période pour le faire réparer.
D’ailleurs, ils·elles sont 63% à répondre « Je continue à utiliser ce produit malgré les dysfonctionnements » (ce qui correspond à 54% du total des répondant·es). Cela, couplé à l’inconfort exprimé par tous·tes ces répondant·es, montre la complexité pour la grande majorité à remédier à ces problèmes.
Ce témoignage sur la plateforme de signalement de HOP résume la situation difficile dans laquelle sont placés ces consommateur·ices :
Parmi les témoignages, 93% des smartphones concernés ont entre 2 et 5 ans, et 4% ont moins de 2 ans. Au-delà de l’impact économique et fonctionnel pour les consommateur·ices, le raccourcissement de la durée de vie et d’usage induit par cette mise à jour pourrait avoir un impact environnemental, accélérant le renouvellement des smartphones alors que le remplacement de la batterie usagée semble concrètement hors de portée à la plupart des consommateur·rices. Alors que près de 80% de l’empreinte carbone des terminaux numériques se concentre à leur production, il semble primordial d’œuvrer à l’allongement de leur durée de vie, et d’éviter au plus possible leur obsolescence précoce.
Des risques de sécurités avérés ?
Le 7 mars 2025, l’Autorité australienne de la concurrence et des consommateurs (ACCC) a publié un rappel produit pour les smartphones Google Pixel 4A. Elle annonce que cette mise à jour du système d’exploitation vise à limiter les risques de sécurité liés à une potentielle surchauffe de la batterie. Cela confirme l’hypothèse formulée par certain·es internautes d’une justification de sécurité à cette mise à jour. Si cela s’avérait vrai, on ne pourrait que déplorer le manque de transparence de Google, qui n’a pas communiqué clairement sur les risques de surchauffe de ses batteries en l’absence de mise à jour du Pixel 4a. La seule information émise par la firme au moment de la mise à jour était une nécessité de “stabilisation des performances de la batterie”.
Certaines générations plus récentes du Google Pixel semblent d’ailleurs sujettes à des risques de surchauffe voire d’explosion de leurs batteries : le Google Pixel 6a et le Google Pixel 7a.
Le silence radio de Google
Face à ces signalements alarmants, HOP a adressé une lettre ouverte à Google, en cherchant à obtenir à l’amiable une solution satisfaisante pour les consommateur·ices lésé·es, et à limiter les impacts environnementaux. Après 9 réponses automatiques du service après-vente de Google, nous avons reçu ce dernier mail le 3 avril :

Confirmant que la question juridique que nous avons soulevé “a été officiellement transmise à [l’équipe juridique de Google] afin qu’elle l’examine et la traite”, ce message nous annonce que “l’équipe juridique suivra ses procédures internes pour la résolution du problème”. Pour l’instant, nous n’avons pas reçu de réponse de la part de la firme.
HOP, dont les moyens sont limités au regard du nombre et de la diversité des sujets à traiter, a fait part de l’ampleur des signalements à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), en espérant que celle-ci se saisisse du sujet. Nous nous réservons le droit d’agir en justice à l’avenir, ce dont nous ne manquerons pas de vous tenir informés. Nous invitons à nouveau les personnes concernées à effectuer un signalement sur la plateforme SignalConso, afin de permettre aux autorités de saisir l’ampleur du phénomène et d’enquêter.
Si vous êtes concerné·e par des dysfonctionnements et que vous n’avez pas encore fait réparer votre téléphone, vous pouvez éventuellement vous tourner vers un·e réparateur·ice agréé·e Quali’Répar pour bénéficier d’une réduction de 25 euros grâce au bonus réparation. Si votre téléphone s’avère irréparable et que vous souhaitez en changer, vous pouvez trouver des conseils pour acheter un smartphone durable sur le site Produits Durables.