La campagne bat son plein, et HOP en fait pleinement partie dans le cadre de ses activités de plaidoyer. A la veille du second tour, nous pointons en particulier les réponses de Madame Le Pen et Monsieur Macron.

Dans le cadre d’Opé2017, HOP a initié une action commune avec d’autres organisations de la société civile (Les Amis de la Terre, GreenIT, Democracy OS, UFC Que Choisir, Zero Waste) pour recueillir les propositions des citoyens en la matière (voir notre article).

Fidèle à sa neutralité politique, HOP avait contacté les 11 candidats à l’élection pour recueillir leurs engagements relatifs à la lutte contre l’obsolescence programmée. Parmi ceux-ci, quatre représentants des candidats – pour le compte de MM Hamon, Macron, Melenchon et de Mme Le Pen – ont accepté de nous rencontrer pour détailler leurs mesures. Concernant les autres candidats, nous nous concentrons sur leurs programmes et sur les réponses adressées à 60 millions de consommateurs pour enrichir notre analyse.

Une prise de conscience importante

Commençons par une excellente nouvelle : le combat pour l’allongement de la durée de vie des produits avance ! La majorité de nos propositions est approuvée par les candidats rencontrés. De même, les programmes des autres candidats proposent des mesures contre l’obsolescence programmée, ce qui n’était pas le cas il y a 5 ans. Voici un récapitulatif des réponses apportées à nos 5 principales propositions :


Ces candidats ayant détaillé leur vision avec HOP, il est nécessaire de faire apparaître quelques éléments d’appréciation marquants.

Les engagements des finalistes

  • Emmanuel Macron a pris des engagements précis sur certaines de nos propositions, notamment à travers des méthodes d’évaluation normalisées de l’affichage de la durée de vie des produits industriels suivi de moyens de contrôle, sur la modification du décret sur les pièces détachées et la mise en place d’un site pour déclarer fraudes et abus. Plus généralement, il s’engage à mettre en œuvre les 27 propositions du Sénat de septembre 2016 et vise une économie 100% circulaire. Ce programme politique a une dimension opérationnelle qui cependant ne rompt pas avec la logique de croissance et de société de consommation (concernant la publicité ou la mondialisation des échanges par exemple). Retrouvez les réponses officielles d’Emmanuel Macron adressées à HOP ici: Questionnaire – HOP & M. Macron
  • Marine Le Pen, à travers son équipe, s’engage sur la plupart des propositions, et ajoute quelques idées originales, notamment sur le prix maximum des pièces détachées. Elle propose une fiscalité différenciée et l’encouragement de l’économie circulaire, tout en affichant des réticences sur l’économie collaborative. Si son programme est cohérent avec la relocalisation de l’économie, la préférence nationale semble plus prégnante que la préférence écologique. De plus, l’absence de moyens dédiés à la transition écologique dans son programme peut inviter à prendre avec précaution ces engagements.

Le point de vue des candidats perdants

Jean-Luc Mélenchon s’engage sur nos 25 propositions. Le point le plus important à souligner est la logique d’ensemble de rupture vis-à-vis des politiques productivistes. Il propose notamment la mise en place d’une fiscalité écologique, souhaitant aller plus loin que l’actuelle loi relative à la transition écologique et favoriser l’allongement de la durée légale de garantie des produits à dix ans. Il prévoit en outre de mettre en place un protectionnisme « solidaire » et d’investir 50 milliards d’euros dans la transition écologique. Il reste cependant des zones d’ombre quant aux modalités pratiques d’application et de financement.

Benoit Hamon, à travers son équipe, s’engage sur nos 25 propositions. Il promet une lutte réglementaire contre l’obsolescence programmée de manière générale, en cohérence avec les avancées de la précédente législature auxquelles il a largement contribué (notamment la loi qui porte la durée de garantie à 2 ans (2014) et la définition légale du délit d’obsolescence programmée (2015)). Cependant, le programme comme l’entretien n’ont pas permis de détailler les modalités de lutte contre le phénomène.

Parmi les « grands » candidats manquant à ce tableau, François Fillon n’a hélas pas répondu à nos courriers. Son programme et les propos tenus par son représentant David Lisnard (lors de l’évènement organisé par les élèves de Sciences Po avec make.org le 8 avril) reposent davantage sur la responsabilisation du consommateur, lequel doit connaître la durée de vie des produits et leur réparabilité. En revanche, le candidat Les républicains ne souhaite pas mettre en place d’obligations à l’échelle française, afin de ne pas nuire à la compétitivité des entreprises. Sur le plan de la lutte contre l’obsolescence programmée, ses engagements sont donc très réduits.

Enfin, les candidats semblant recueillir des intentions de vote plus limitées évoquent l’obsolescence programmée sous des angles diversifiés. Philippe Poutou, dans son programme anticapitaliste, s’engage à la fois pour promouvoir la réparation (obligations de stockage des pièces détachées, création d’ateliers de réparation), pour étendre la garantie légale ou encore pour limiter l’obsolescence psychologique à travers une interdiction de la publicité. Pour Nathalie Arthaud, des sanctions doivent être prises contre les industriels qui pratiquent l’obsolescence programmée, mais son équipe semblait ignorer, dans sa réponse à 60 millions de consommateurs, qu’il s’agit d’un délit depuis 2015. Si Jean Lassalle ne mentionne pas le problème de l’obsolescence programmée, Jacques Cheminade critique la surconsommation d’objets inutiles, proposant une autre société, sans évoquer de mesures concrètes. Pour François Asselineau, la sortie de l’Union Européenne est un préalable à la mise en place de politiques écologistes, dont la lutte contre l’obsolescence programmée fait partie. Enfin, Nicolas Dupont-Aignan propose dans son programme de renforcer l’information des consommateurs et de renforcer les sanctions contre les coupables d’obsolescence programmée.

Rendez-vous le 7 mai pour choisir quel rapport de forces se dessinera sur ce sujet déterminant !